Des collaborations pour la persévérance des filles

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Soutenir la persévérance scolaire des filles en leur permettant de développer une perception positive d’elles-mêmes et d’explorer leurs aspirations.

Le programme « La créativité en action »  à l’école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry

La force de la communauté pour favoriser la persévérance scolaire chez les filles

À l’école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry de Saint-Léonard (Montréal), ce sont pas moins d’une douzaine de programmes élaborés par le milieu communautaire qui sont offerts aux élèves, sous le leadership de Martin Sigouin, le directeur-adjoint.

« Ici, la direction a décidé d’établir des partenariats fructueux avec la communauté pour nourrir le quotidien de nos élèves. Et ça marche ! Il y a des mardis soir où j’ai 100 jeunes dans l’école qui participent à des activités sociales, environnementales, gastronomiques ou artistiques, toutes supervisées par des organismes différents, qui apportent chacun une couleur différente à notre école. »

Martin Sigouin, directeur-adjoint, école secondaire Antoine-de-Saint-ExupéryMartin Sigouin, directeur-adjoint de l’école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry
(Crédit photo : François Couture)

Dans cet esprit d’ouverture aux partenariats féconds, lorsque Martin Sigouin a assisté à une présentation de l’organisme Naos Jeunesse par sa fondatrice Isabel Serra, il a tout de suite compris que celui-ci répondait à une préoccupation de son établissement : éviter que des filles en difficulté ne décrochent et versent dans la délinquance, de surcroît dans un arrondissement où la pauvreté est le lot d’un très grand nombre de familles.

Le décrochage des filles : une réalité souvent invisible

Bien que plutôt méconnues au sein de la population, les données issues de la recherche sont néanmoins claires : les raisons du décrochage scolaire des filles sont significativement différentes de celles des garçons. C’est également le constat que fait Isabel Serra sur le terrain.

« Ces filles à risque de décrocher ne dérangent généralement pas en classe, elles sont plutôt timides et passent donc très facilement entre les mailles du filet. »

« Chez les filles, le décrochage est souvent lié à un problème personnel, invisible, donc beaucoup plus difficile à cerner. Ces filles à risque de décrocher ne dérangent généralement pas en classe, elles sont plutôt timides et passent donc très facilement entre les mailles du filet. J’ai créé Naos Jeunesse en 2014 pour aider ces filles-là à sortir de leur isolement, à s’affirmer et à bâtir de saines relations avec leur entourage, que ce soit à travers la créativité, les jeux ou le sport », explique madame Serra, elle-même une ex-décrocheuse qui pratique le droit depuis une vingtaine d’années.

Isabel Serra, fondatrice du programme « Naos jeunesse : la créativité en action! (NJCA) » Isabel Serra, fondatrice de Naos jeunesse
(Crédit photo : François Couture)

Offert aux filles de 10 à 17 ans, le programme « La créativité en action » de Naos Jeunesse, soutient en effet la persévérance scolaire des filles en leur permettant de développer une perception positive d’elles-mêmes et d’explorer leurs aspirations scolaires et professionnelles. Les participantes cheminent à travers une série de 10 ateliers qui sont donnés pendant l’heure du dîner dans les écoles et après les classes dans les organismes communautaires.

L’engagement et le leadership des collaborateurs : des conditions de succès pour les programmes communautaires dans les écoles

Martin Sigouin offre donc à Isabel Serra de mettre sur pied un projet-pilote pour soutenir la persévérance des filles dans son école. Le succès est au rendez-vous, les filles embarquent et, depuis 2015, le programme « La créativité en action »  est solidement implanté à l’école Antoine-de-Saint-Exupéry.

De plus, grâce à la puissance du modèle déployé par Martin Sigouin dans son milieu ainsi qu’à l’ouverture d’Isabel Serra, Naos Jeunesse a pu s’adapter au milieu pour répondre encore mieux aux besoins des filles.

« J’ai la conviction que, pour assurer la réussite d’un programme communautaire à l’école, il faut que ses intervenants soient ancrés dans la communauté qu’ils servent. J’ai donc un rôle de multiplicateur et de réseauteur… »

« J’ai la conviction que, pour assurer la réussite d’un programme communautaire à l’école, il faut que ses intervenants soient ancrés dans la communauté qu’ils servent. J’ai donc un rôle de multiplicateur et de réseauteur : j’ai amené Isabel à rencontrer plusieurs joueurs du secteur, comme le Collectif Jeunesse Saint-Léonard ainsi que les dirigeants des organismes que fréquentent nos filles. Ainsi, Isabel a pu voir comment son programme pouvait mieux épouser les réalités et besoins de notre communauté. »

De même, pour assurer le succès de ces collaborations, il est capital aux yeux de Martin Sigouin que les intervenants scolaires travaillent de concert avec les intervenants communautaires offrant les programmes. « Il est ultra important qu’un membre de notre personnel accompagne les jeunes dans chacune des activités des organismes présents à l’école, pour qu’ils aient un sentiment d’appartenance vis-à-vis des programmes, pour la caution morale si on veut, et pour effectuer un meilleur suivi si un problème majeur— intimidation, violence à la maison, malnutrition, etc. — en venait à être soulevé dans les groupes », soutient Martin Sigouin.

Ce faisant, Naos Jeunesse devient une véritable courroie de transmission entre les filles, l’école et la communauté, ce qui resserre grandement les mailles du filet social du secteur.

« On nous a dit : on a besoin de vous, et nous, on était très heureuses d’avoir un rôle significatif là-bas. Mais ça n’aurait jamais pu se passer ainsi sans l’apport de l’école… »

« C’est un modèle qu’on voudrait reproduire ailleurs tellement il est efficace ! Une association sportive de Saint-Léonard, Gestion Multisports, nous a indiqué que les filles étaient presque totalement absentes des gymnases du secteur. On travaille en ce moment pour que les filles puissent avoir un coach et le gymnase à elles seules . Le Bureau Associatif pour la Diversité et la Réinsertion était en recherche d’activités d’intégration pour leurs jeunes filles; on a pu leur en fournir… De pouvoir avoir une action concertée avec les intervenants des milieux dans lesquels on est implantés, ça vaut de l’or ! On nous a dit : on a besoin de vous, et nous, on était très heureuses d’avoir un rôle significatif là-bas. Mais ça n’aurait jamais pu se passer ainsi sans l’apport de l’école et la vision de Martin Sigouin », conclut Isabel Serra.

 

"Les garçons et les filles apprennent différemment... le phénomène du décrochage scolaire est uniquement un problème de garçons..."

Pour faire la part entre les mythes et la réalité, consultez notre dossier thématique !

 

_ Janvier 2018


Réseau réussite Montréal présente une série d’articles illustrant différents projets de collaboration fructueuse entre le milieu scolaire et des partenaires de la communauté favorisant la réussite des jeunes. 

C’est à François Couture, journaliste et photographe, que nous avons confié la mission d’aller à la rencontre des intervenants qui font vivre ces collaborations, afin qu’il en raconte les histoires, leurs histoires.