Walter : petit train va loin

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« Le changement de pays va te déranger, te faire peur ou te déprimer, mais il faut faire confiance à la vie et profiter du moment. »

 

Walter Schwendener et sa sœur sont arrivés à Montréal il y a trois ans, à l’incitation de leur père qui souhaitait offrir de meilleures perspectives d’avenir à ses enfants.

C’est ainsi que Walter, originaire du Guatemala, a découvert la neige, un nouveau sentiment de sécurité… et les bibliothèques publiques!  Maintenant âgé de 16 ans, Walter s’apprête à faire ses premiers choix quant à son futur métier.

« En secondaire 5, je devrai choisir mon cégep et dans quelle branche je veux étudier si je veux devenir ingénieur civil. »

 

Walter, comment t’es-tu retrouvé à Montréal ?

Mon père s’est remarié avec une Montréalaise et il est venu s’établir ici. C’est alors qu’il a décidé qu’il voulait nous avoir ici, ma sœur et moi, car, selon lui, l’éducation est meilleure qu’au Guatemala et il y a de meilleures perspectives d’avenir pour nous.

Est-ce que tu étais d’accord avec cette décision ?

Oui, en fait, j’étais plutôt excité de venir ici au Canada. Dans mon pays, il n’y a pas de neige, alors j’avais hâte de connaître ça. Sauf qu’à mon premier hiver, il y a trois ans, j’ai trouvé que c’était très difficile de vivre à -30 degrés Celcius ! Par contre, j’aime beaucoup le changement des saisons que l’on a ici.

Est-ce que ça a été un grand choc pour toi d’arriver ici ?

Je sais que ça peut paraître étrange, mais le fait de changer de pays ne m’a pas vraiment affecté, que ce soit socialement ou émotivement.

J’apprécie énormément le sentiment de sécurité qu’on a à Montréal. Ici, par exemple, tu peux oublier tes choses sur ta table de travail dans une classe et quand tu t’en rends compte, une heure plus tard, et que tu retournes dans la classe, eh bien tes choses sont encore là; dans mon pays, si tu laisses traîner tes choses sur une table, tu peux être certain qu’elles n’y seront plus quand tu vas aller les chercher. Même la table aura disparu elle aussi! Ici, je trouve les gens gentils et respectueux envers les autres.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi depuis ton arrivée ?

Apprendre le français ! Cette langue a beaucoup d’exceptions ! Comme l’espagnol est ma langue maternelle, j’ai de la difficulté à prononcer certaines lettres, comme le R, que l’on fait avec la gorge ici. J’ai mis du temps à m’habituer au fait de parler français, mais après trois ans, je dirais que ça va bien.

À cause de ces difficultés, est-ce que tu as du mal à établir des relations avec les autres élèves ?

C’est sûr que oui. Dans mon école, il n’y avait pas beaucoup de personnes qui parlaient l’espagnol et j’avais parfois beaucoup de difficulté à trouver le mot juste en français pour pouvoir m’exprimer. Je dirais que ça a pris un an avant que je me sente confortable à parler français.

Si je te demandais de me dire ce qui t’a le plus frappé depuis ton arrivée ici…

Ce sont les bibliothèques publiques ! Au Guatemala, ça n’existe pas, vu qu’il n’y a que peu d’endroits vraiment sécuritaires dans le pays. Avoir un tel accès à la connaissance, presque partout dans la ville, et que ce soit un service gratuit en plus, c’est génial !

Selon toi, quels seront tes prochains défis ?

En secondaire 5, je devrai choisir mon cégep et dans quelle branche je veux étudier si je veux devenir ingénieur civil. Les personnes nées ici connaissent bien le système, la cote R, ces choses-là, mais moi, je suis un peu perdu là-dedans. J’aimerais donc avoir de l’information à ce sujet. Je sais qu’il y a une conseillère d’orientation dans l’école, qui peut nous aider avec notre choix de cours, alors je vais aller la voir. Je pense aller en sciences pures.

Dirais-tu que les Montréalais et Montréalaises t’ont bien accueilli depuis ton arrivée ?

Oui, car je n’ai pas vraiment été victime de racisme en trois ans. Quand on est dans ma situation, on voit rapidement les personnes qui sont racistes, mais ici, je n’en ai pas vraiment rencontré.

Quel serait ton plus grand accomplissement depuis ton arrivée, qu’est-ce qui te rend le plus fier ?

D’avoir été capable de rentrer dans une classe Calixium. Quand on est là-dedans, on a plus de périodes de science et technologie dans notre horaire, on fait des sorties, etc. J’étais fier d’avoir été accepté; ça prend une moyenne générale de 70 % pour rentrer.

En terminant, quel conseil donnerais-tu à un ami qui, comme toi, voudrait immigrer ici ?

Je lui dirais de ne pas s’inquiéter. Le changement de pays va te déranger, te faire peur ou te déprimer, mais il faut faire confiance à la vie et profiter du moment. Toute cette situation va faire changer ta perspective sur le monde, c’est bien !

 

Walter Schwendener
Novembre 2019


Photo et entrevue : François Couture

Pour mieux connaître la réalité particulière des élèves montréalais issus de l’immigration, nous avons confié à François Couture, rédacteur et photographe, la mission d’aller à la rencontre de jeunes immigrants qui ont accepté de nous parler d’où ils viennent, de leur vécu et de leur arrivée à Montréal.