La lecture en temps de confinement : des bénéfices inégaux

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Lire pendant le confinement pour maintenir ou développer ses compétences en lecture.

Publié le 30 avril 2020

Lecture et confinement | Pistes d’action | Outils | Lecture et persévérance : rappels

La lecture en temps de confinement : des bénéfices inégaux

La pratique de la lecture pendant le confinement est évidemment tributaire du rapport qu’un enfant ou un jeune entretenait avec cette activité avant la crise sanitaire.

On parle ici de la lecture pratiquée par plaisir ou intérêt personnel, donc par motivation intrinsèque. C’est cette motivation qui définit ce qu’est un lecteur.

Pour un lecteur, le fait de disposer de plus de temps libre entraînera généralement plus de lecture.   Ce faisant, il pourra maintenir ou même développer ses compétences en lecture. Et il continuera d’acquérir, de cette manière, des connaissances liées à quantité de domaines tout en exerçant ses capacités cognitives.

La crise actuelle met davantage en lumière les écarts, parfois importants qui existent entre les élèves quand on parle de « lire pour le plaisir ».

Elle contribue même probablement à les creuser davantage. En effet, pour ceux qu’on appelle les « lecteurs peu engagés »[1] (i.e. peu motivés à lire pour de multiples raisons, dont le fait d’avoir des difficultés scolaires ou d’avoir accès à peu de ressources), ce sera plutôt l’inverse. De fait, le confinement peut les priver du seul lieu où ils sont amenés à lire. On peut donc supposer qu’ils liront moins qu’en temps normal, voire pas du tout.

Par ailleurs, pour ces jeunes lecteurs peu engagés, il faut tenir compte, surtout en milieu défavorisé, des effets très concrets du contexte actuel où :

  • l’alternative que constitue l’offre abondante en matière de services en ligne (soutien scolaire, activités de médiation de la lecture) se heurte, davantage dans ces milieux, à des lacunes sur le plan technique (branchement, appareillage) ;
  • n’ont souvent pas ou presque pas de livres à la maison ;
  • l’accès matériel aux livres et aux activités de médiation de la lecture, si cruciales pour les lecteurs moins engagés, est bloqué en raison de la fermeture des bibliothèques publiques.

La fermeture des écoles aura des répercussions sur tous les jeunes mais, plus spécifiquement, sur ceux qui étaient en difficulté avant la crise.  Celle-ci risque :

  • d’accentuer leurs difficultés et de creuser davantage les écarts ;
  • d’entraîner une perte au niveau de leurs compétences en littératie et autres acquis scolaires ;
  • de diminuer leur motivation ;
  • d’augmenter le nombre de décrocheurs.
Des pistes d’action et des pratiques gagnantes en tout temps

Le recours à des activités quotidiennes de lecture ou autour de la lecture pour le plaisir pendant la période de confinement, en utilisant les possibilités du numérique, peut contribuer à maintenir les acquis en permettant à ces jeunes de :

  • mieux maintenir leurs compétences en littératie pendant le confinement ;
  • susciter leur intérêt et leur curiosité, lesquels agissent sur la motivation scolaire ;
  • développer des liens avec leurs pairs autour de la lecture.

Si des contacts virtuels avec les familles et les jeunes sont possibles, on peut offrir, de manière simple et peu coûteuse, des activités à distance visant à valoriser, promouvoir et animer la lecture.

Voici quelques-unes des pratiques probantes à mettre de l’avant :

  • Dissocier l’activité de lecture de toutes références ou attentes à caractère didactique ou pédagogique (évaluation, comparaison, objectifs didactiques, etc.).
  • Leur laisser exercer la plus grande liberté de choix possible, y compris celle de ne pas lire ou d’abandonner un livre qui ne leur plaît pas.
  • Les encourager à lire dans leur langue maternelle.
  • Les encourager à parler de leurs goûts et de leurs champs d’intérêt afin de mieux guider leurs choix et leur utilisation des ressources en ligne.
  • Les inciter à parler de leurs lectures avec des pairs, ce qui leur permettra de mieux connaître leurs goûts et de partager des découvertes.
  • Leur proposer des textes ou des ouvrages variés avec un niveau de défi adapté à leur niveau afin de développer leur confiance.
  • Leur permettre de rencontrer des écrivains, des mentors, des modèles de lecteurs.
  • Faire des liens entre des activités d’expression artistique qu’ils aiment et la lecture/l’écriture.
  • Leur faire la lecture ou leur faire découvrir le livre audio.
Des outils gratuits en ligne

Pour en savoir plus sur le lien entre lecture et persévérance scolaire :

Pour l’accès au livre numérique :

Pour des livres audio :

Pour des livres jeunesse et activités autour du livre (tout-petits) :

Pour des albums plurilingues (préscolaire et primaire – offerts en 11 langues, sous-titres et audio) :

Pour obtenir des suggestions personnalisées de lectures numériques (service des bibliothèques publiques)

Pour des activités et recommandations de lectures stimulant le plaisir de lire chez les enfants de tous âges

Lecture et persévérance scolaire : rappels

Lire pour le plaisir est ce qui fait qu’on devient un lecteur, c’est-à-dire qu’on lit en dehors des obligations liées à l’école ou non, par intérêt et goût personnels, autrement dit, par motivation intrinsèque. Celle-ci se développe, idéalement, dès le début de la petite enfance au sein de divers environnements (familial, services de garde, milieu scolaire, communauté) et évolue tout au long de la vie. La recherche démontre que les lecteurs réussissent mieux dans leur parcours scolaire.

Le rapport à l’écrit au plus jeune âge est un prédicteur fiable de la réussite éducative

Un enfant qui feuillette des livres par lui-même à 2 ½ ans :

  • Sera plus motivé à lire à l’entrée à l’école
  • Aura des pratiques de lecture à 8 ans
  • Aura de meilleurs résultats scolaires à 15 ans[2]

À contrario, des difficultés en lecture qui perdurent chez l’enfant de 7 ans multiplient par 4 le risque de décrochage scolaire à 15 ans. [3]

Si l’école est incontournable dans le développement des compétences en lecture, elle ne peut, à elle seule, produire des lecteurs : « Le fait d’être aux études, donc en situation permanente de lecture, ne garantit pas automatiquement l’implantation d’habitudes de lecture, pas plus qu’il ne développe le goût de lire, constat qui confirme que lire sans plaisir est voué, à moyen ou long terme, à l’échec. » [4]

De fait, le rapport à l’écrit se construit d’abord au sein de la famille puis de la communauté dès la naissance et tout au long de la petite enfance. Puis, l’enfant formalise son apprentissage à l’école.

Les gestes décisifs qui modèlent le rapport à la lecture sont posés avant l’entrée à l’école. C’est donc la famille et la communauté qui déterminent l’interaction avec la lecture entre 0 et 5 ans et le développement des pratiques de lecture.

 


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Notes

[1] in Lire pour le plaisir. CTREQ, 2017, p. 33. https://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2017/11/Lire-pour-le-plaisir_integral.pdf

[2] in La motivation en lecture durant l’enfance et le rendement dans la langue d’enseignement à 15 ans, Étude longitudinale du développement des enfants du Québec 1998-2015 (ELDEQ), Institut de la Statistique du Québec, novembre 2016.

[3] ibidem.

[4] Hélène Vachon, « La lecture », Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 2009