Tabac, alcool, drogues

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1 personne sur 5 affirme avoir consommé un peu ou beaucoup plus d’alcool depuis le début du confinement.

Publié le 23 avril 2020 | Mis à jour le 14 mai 2020


Cet article fait partie de la série « Les déterminants sous l’angle de la pandémie », qui propose une relecture de certains déterminants de la persévérance scolaire à la lumière de la crise actuelle et des mesures qu’elle a induit.


Le déterminant | Les impacts de la crise sanitaire et les préoccupations | Les ressources | Références


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QUE POUVONS-NOUS RETENIR SUR LA CONSOMMATION DE TABAC, D’ALCOOL ET DE DROGUES ?

Selon certaines études, la consommation de substances psychoactives peut affecter la motivation et le rendement, voire contribuer au décrochage scolaire chez les adolescents[1].

L’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire a montré des taux de consommation importants chez les jeunes de Montréal :

  • Cigarette : 8 %[2]
  • Alcool : 47 %
  • Cannabis : 19 %[3]

Une étude récente de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a souligné une liste de facteurs individuels, familiaux et sociaux associés à l’initiation au tabac, à l’alcool et aux drogues chez les jeunes de 6e année du primaire. Parmi ces caractéristiques, mentionnons deux aspects principaux:

  • Le fait de vivre en milieu défavorisé constitue un facteur de risque marqué en ce qui concerne l’initiation précoce au tabac et à l’alcool ainsi qu’à la consommation de substances psychoactives.
  • La période de transition entre le primaire et le secondaire constitue une étape cruciale caractérisée par une augmentation assez importante de la proportion de jeunes qui s’initient au tabac, à l’alcool et aux drogues.[4] Pour compléter, la proportion d’élèves ayant consommé de l’alcool, par exemple, dans les douze derniers mois passe de 17 % en 1re secondaire à 75 % en 5e secondaire[5].

Des conséquences sur la réussite éducative

Toujours selon l’ISQ, l’initiation précoce, mais surtout la consommation abusive de substances, peut avoir des conséquences diverses, notamment :

  • Un plus faible attachement à l’école
  • De moins bons résultats en mathématiques et en français/anglais (selon la langue d’enseignement)
  • De plus faibles aspirations scolaires

[En savoir plus sur le déterminant « tabac, alcool, drogues » ]

QUE POUVONS-NOUS PENSER DES IMPACTS POSSIBLES DE LA CRISE SANITAIRE SUR LA CONSOMMATION DE TABAC, D’ALCOOL ET DE DROGUES ?

De plus amples études sont nécessaires pour répondre à la question. Cependant, un sondage Léger réalisé auprès d’adultes au Québec souligne qu’un répondant sur cinq (18 %) affirme avoir consommé un peu ou beaucoup plus d’alcool depuis le début du confinement.[6]  Quant au cannabis, 29 % des Québécois en consommeraient plus depuis le début de la crise.[7]

De plus, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances indique que “les circonstances entourant la COVID-19 pourraient amener certaines personnes à consommer plus d’alcool et de cannabis ». Parmi ces circonstances, mentionnons :

  • Un sentiment de stress et d’anxiété plus élevé, en raison de la pandémie et du ralentissement économique
  • Des bouleversements à la routine quotidienne et hebdomadaire des familles, à cause de la fermeture des lieux de travail non essentiels
  • Un sentiment d’isolement social et de solitude attribuable à l’éloignement physique
  • Une augmentation de la quantité d’alcool et de cannabis disponibles à la maison après en avoir fait des réserves[8]
BIEN QUE CES DONNÉES PRÉSENTENT DES INFORMATIONS POUR LES ADULTES, DOIT-ON S’ATTENDRE À UNE HAUSSE DE LA CONSOMMATION ÉGALEMENT CHEZ LES JEUNES ET LES JEUNES ADULTES ?

Plusieurs échos d’acteurs sur le terrain amènent à réfléchir aux impacts potentiels de la crise actuelle à différents égards, soit :

L’initiation à ces substances et les risques de consommation excessive

Il est certain que le confinement, qui réduit beaucoup la diversité et la disponibilité des loisirs, est très préoccupant quand on sait que certains jeunes commencent à consommer des substances psychoactives pour passer le temps.[9] L’ennui auquel certains jeunes sont potentiellement confrontés peut-il influencer leurs habitudes et même mener à une consommation excessive ?

L’inaccessibilité des produits

Les sources d’approvisionnement en tabac, en produits de vapotage, en alcool ou en drogues sont altérées en période de confinement, et ce, particulièrement pour les jeunes qui devaient déjà se procurer ces produits de façon illégale.  Quels types de produits les jeunes peuvent-ils être tentés de consommer à la maison et comment se les procurent-ils ?

La difficulté de mettre en lien les jeunes avec les services de soutien

La fréquentation scolaire obligatoire permet normalement aux différents acteurs de détecter les besoins prioritaires des jeunes et d’intervenir rapidement en cas de besoin. En temps de confinement, les jeunes présentant des problèmes de consommation sont beaucoup plus difficiles à dépister et à prendre en charge. De plus, le lien entre eux et les ressources de soutien disponibles est difficile à établir en préservant la confidentialité.

Le risque de surdose après cette période de sevrage

Considérant que certaines personnes ont pu développer une tolérance à une substance qu’ils consomment régulièrement, les risques de surdose sont préoccupants après une période de sevrage non désirée. En effet, les consommateurs peuvent être tentés de consommer la même quantité qu’à l’habitude après le confinement alors que leur corps aura diminué sa tolérance au produit.[10]

L’influence moins forte des facteurs de protection

Il est difficile de prédire les effets qu’auront les réseaux sociaux et le milieu familial sur la consommation dans ce contexte particulier. Le temps d’écran aurait-il augmenté et en quoi une exposition accrue aux écrans pourrait-elle avoir des conséquences sur les comportements des jeunes, incluant leurs habitudes de consommation ? Les modèles significatifs auxquels les jeunes ont accès normalement ont-ils changé ? Les jeunes ont-ils moins accès à des modèles positifs, comme ceux présents à l’école ou dans les organismes communautaires, ainsi qu’à leurs amis, et en quoi cette perte de repères peut-elle avoir un impact ?

Et… peut-être des effets positifs ?

Pourrait-on aussi s’attendre à ce que la situation actuelle ait des effets positifs sur certains jeunes ? Sachant qu’il est possible que le confinement favorise un rapprochement familial, accentue le dialogue et la bienveillance parentale et réduise l’accès à certaines substances chez plusieurs jeunes, pourrait-on observer une diminution de l’initiation à ces substances ou une diminution de la consommation chez ceux qui n’étaient qu’en phase d’expérimentation ?

Seules des études sur le sujet après la crise nous aideront à éclaircir ce qui aura été positif et négatif sur la consommation.

UNE PRÉOCCUPATION MÉDICALE : LE RISQUE ACCRU DE CONTRACTER LA COVID-19

Les professionnels de la santé soulignent que les activités telles le vapotage et le tabagisme pourraient effectivement rendre plus vulnérable au virus et à ses effets, en :

  • Fragilisant les poumons et en réduisant la santé cardiovasculaire
  • Augmentant le risque de contracter une infection grave
  • Augmentant le risque de complications requérant une hospitalisation (pneumonie, détresse respiratoire aiguë)

De plus, ces experts soulèvent que le caractère souvent social associé à ces activités pourrait aussi accroître le risque d’exposition au virus, que ce soit pour l’acquisition des produits ou par le partage de produits[11].

RESSOURCES

Si vous avez besoin d’aide sur ce sujet, voici des ressources à votre disposition :

 

Pour continuer la réflexion

 


Merci à Mme Marie-Claude Sauvé, directrice de Cumulus, pour son soutien dans la recherche des sources de données sur le déterminant « tabac, alcool, drogues ».

Merci à Mme Isabelle Archambault, professeure agrégée à l’Université de Montréal, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’école, le bien-être et la réussite éducative des enfants et cotitulaire de Myriagone – Chaire McConnell-Université de Montréal en mobilisation des connaissances jeunesse, pour sa contribution à la révision de l’article sur le déterminant « tabac, alcool, drogues ».


 


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RÉFÉRENCES

[1] Gagnon H. et Rochefort L. (2010), L’usage de substances psychoactives chez les jeunes Québécois : conséquences et facteurs associés, Institut national de santé publique du Québec, no. 1102, 43 p.

[2] Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. (2014). L’usage de la cigarette chez les jeunes du secondaire à Montréal. 7. 

[3] CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. (2018). Consommation d’alcool et de drogues chez les élèves du secondaire à Montréal : Quelques données. 14.

[4] Réunir Réussir, Pour agir efficacement sur les déterminants de la persévérance scolaire et de la réussite éducative, fiche 5 : Tabac-alcool-drogues, 2013

[5] CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. (2018). Consommation d’alcool et de drogues chez les élèves du secondaire à Montréal : Quelques données. 3. 

[6] Sondage Léger réalisé à la demande de l’Association pour la santé publique du Québec

[7] http://www.aspq.org/fr/salle-de-presse/communiques-et-publications/185/un-sondage-confirme-que-la-pandemie-modifie-les-habitudes-de-vie-et-la-consommation-d-alcool-et-de-cannabis-des-quebecois  ; http://www.aspq.org/fr/dossiers/covid-19

[8] https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2020-04/CCSA-COVID-19-Alcohol-Cannabis-Use-Infographic-2020-fr_0.pdf  

[9] Institut national de santé publique du Québec. (2010). L’usage de substances psychoactives chez les jeunes Québécois, Conséquences et facteurs associés.  15. 

[10] https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/dependance-aux-drogues/usage-problematique-substances.html#s1

[11] Société canadienne de pédiatrie, La COVID, les jeunes et la consommation de substances psychoactives : des messages capitaux aux jeunes et à leur famille