Motivation et engagement en période de pandémie – 2e partie

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Publié le 14 février 2021 | Mis à jour le 19 février 2021

Bien que plusieurs études soient en cours pour mieux cerner les effets de la pandémie sur le bien-être, la motivation et l’engagement des élèves, peu de données sont disponibles à ce jour. Il nous est donc impossible de présenter ici un portrait de la situation, mais nous nous assurerons de diffuser les résultats de ces enquêtes lorsqu’ils seront disponibles.

En attendant, voici tout de même un aperçu de quelques données préliminaires.

La motivation et l’engagement en période de pandémie :
Au secondaire | Au collégial | Témoignages de motivation


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Au secondaire

Engagement

Une étude menée en janvier 2021 en Estrie, en Mauricie et au Centre-du-Québec a permis d’obtenir un aperçu de l’état de l’engagement de 11 908 élèves âgés de 12 à 17 ans[1]. La mesure prise dans le cadre de cette enquête concernait l’attrait de l’école, qui représente un volet de l’engagement affectif.

19 % des élèves du secondaire rapportent un attrait pour l’école plus faible que la moyenne*.

  • 68,2 % des élèves rapportent un attrait pour l’école qui ne se distingue pas de la norme en temps normal
  • 12,8 % des élèves rapportent un attrait pour l’école supérieur à la normale
  • 19, 0 % des élèves rapportent un attrait pour l’école inférieur à la normale


21 %
des garçons signalent un attrait pour l’école plus faible que la moyenne*, comparativement à 17 % des filles.

Garçons Filles
Attrait pour l’école normal 66,4 % 70,3 %
Attrait au-dessus de la moyenne 12,8 % 13,2 %
Attrait sous la moyenne 20,9 % 16,6 %

 

32 % des élèves qui évaluent avoir un état de santé mental « passable ou mauvais » indiquent avoir un attrait pour l’école plus faible que la moyenne*.

Santé mentale passable ou mauvaise Bonne santé mentale Santé mentale excellente ou très bonne
Attrait pour l’école normal 63,4 % 75,6 % 66,7 %
Attrait au-dessus de la moyenne 4,6 % 8,6 % 21,6 %
Attrait sous la moyenne 32,0 % 15,8 % 11,6 %

 

21 % des élèves du secteur public rapportent un attrait pour l’école plus faible que la moyenne*, comparativement à 16 % chez les élèves du secteur privé.

Secteur public Secteur privé
Attrait pour l’école normal 68,4 % 67,9 %
Attrait au-dessus de la moyenne 11,1 % 16,1 %
Attrait sous la moyenne 20,5 % 16,0 %

 

Les élèves de 2e cycle sont moins nombreux à rapporter un attrait au-dessus de la norme* que ceux du 1er cycle.

1er cycle du secondaire
(1re et 2e )
2e cycle du secondaire
(3e, 4e et 5e sec.)
Attrait pour l’école normal 65,8 % 69,8 %
Attrait au-dessus de la moyenne 17,9 % 9,4 %
Attrait sous la moyenne 16,3 % 20,8 %

 

*Moyenne normative utilisée :

Cette moyenne normative a été obtenue avant la pandémie à partir des données de l’évaluation de la Stratégie d’intervention Agir autrement, réalisée en 2009 auprès de plus de 22 000 élèves du secondaire dans l’ensemble de la province[2]. Puisque cette moyenne ne concerne pas le même échantillon d’élèves, l’information est fournie à titre indicatif seulement et il est impossible d’établir un comparatif avec la situation de ces élèves avant la pandémie. Pour ce faire, il aurait fallu mesurer à au moins deux reprises chez les mêmes élèves le niveau d’attrait de l’école, soit avant et pendant la pandémie. Il est cependant possible de préciser que, comme la moyenne normative a été obtenue dans des milieux défavorisés, les élèves en temps de pandémie qui ont une moyenne inférieure à cette norme comparative sont donc très peu engagés.


Sentiment de compétence des élèves

Les données préliminaires d’une étude réalisée en juin 2020 auprès de 300 élèves de 15 à 18 ans dans la région de Québec laissent entrevoir une diminution du sentiment de compétence chez les élèves en ce qui a trait aux apprentissages en ligne.

En effet, les résultats révèlent que les élèves se sentent moins compétents en français et en anglais quand l’enseignement est fait en ligne. « Même si les enseignants fournissent un bon soutien affectif, il semble que les élèves manquent de rétroaction par rapport à leurs apprentissages pour se sentir compétents. »[3]


Bien-être psychologique

Il est bien documenté que les problèmes de santé mentale, notamment la dépression, ont des effets néfastes sur la motivation. Inversement, la motivation peut être un facteur de protection contre la dépression.

Une étude réalisée en avril 2020 auprès de 1 251 élèves de 12 à 17 ans a permis d’établir que le bien-être des adolescents durant la pandémie est variable[4].

Parmi les élèves sondés :

  • Environ le tiers présentent une détresse très élevée
  • Environ le tiers présentent un certain bien-être
  • Les autres présentent un niveau légèrement élevé de détresse

Les élèves qui présentent une détresse très élevée :

  • Se perçoivent comme étant plus stressés et tristes qu’en temps normal
  • Présentent des symptômes d’anxiété et des niveaux inquiétants de symptômes dépressifs
  • Rapportent que les membres de leur famille sont plus stressés qu’en temps normal
  • Ont des propos qui témoignent de difficultés familiales (ex. : conflits)
  • Consacrent moins de temps à leurs travaux scolaires
  • Adoptent des stratégies adaptatives pouvant avoir des effets négatifs à long terme telles le déni et le blâme

Les élèves qui présentent un certain bien-être :

  • Se perçoivent comme étant beaucoup moins stressés et moins tristes qu’en temps normal
  • Ont des niveaux faibles ou normaux de symptômes d’anxiété et de dépression
  • Ont des propos qui témoignent de rapprochements familiaux (ex. : ils sont heureux de passer du temps de qualité avec leurs parents)
  • Consacrent davantage de temps à leurs travaux scolaires
  • Adoptent des stratégies adaptatives fonctionnelles telles que trouver un sens positif à la situation qu’ils vivent, accepter la situation, faire preuve d’humour
Au collégial

Une enquête a été menée en septembre et en octobre 2020 auprès de 6 215 étudiants au collégial dans différentes régions du Québec[5].

L’enquête suggère que la motivation de l’étudiant et l’appréciation de la formation à distance semblent liés à l’état de santé psychologique ainsi qu’à la perception de la charge de travail, et potentiellement aussi à la disponibilité d’un lieu propice aux apprentissages.

Motivation et performance

33,4 % des étudiants évaluent que leur motivation a été affectée au plus haut degré par la crise.

Degré auquel la motivation a été affectée :

  • De 1 à 6 : 39,6 %
  • 7 ou 8 : 27,0 %
  • 9 ou 10 : 33,4 %

19 % des étudiants évaluent que leur performance scolaire a été affectée au plus haut degré par la crise.

Degré auquel la performance a été affectée :

  • De 1 à 6 : 50,9 %
  • 7 ou 8 : 30,1 %
  • 9 ou 10 : 19,0 %


État de santé psychologique

63,8 % des étudiants sondés perçoivent que leur santé psychologique a été négativement affectée par la pandémie. À Montréal, ce taux grimpe à 68,3 %.

Parmi les principales causes auxquelles les étudiants attribuent la détérioration de leur état de santé psychologique, signalons :

  • L’isolement
  • L’augmentation de la charge de travail liée aux études
  • Les modalités et obligations liées à la formation à distance
  • L’augmentation de la pression liée à la performance scolaire

Environ 6 % des étudiants perçoivent que leur santé psychologique s’est améliorée. Ils attribuent ce sentiment au fait que depuis la pandémie :

  • Ils disposent de plus de temps pour se reposer
  • Ils passent plus de temps de qualité en famille
  • Ils notent une diminution de la charge de travail liée aux études


Charge de travail

67,8 % des étudiants considèrent que leur charge de travail scolaire a augmenté depuis le début de la crise.

  • Ces étudiants rapportent aussi que la pandémie a affecté leur motivation et leur performance
  • 80,8 % des étudiants qui ont le sentiment que leur charge de travail a augmenté perçoivent aussi que leur état de santé psychologique s’est détérioré

L’enquête souligne l’effet nuisible que l’augmentation de la charge de travail pourrait avoir sur la motivation et la performance des étudiants, puisque ces derniers risquent effectivement de se démotiver s’ils se croient incapables de réaliser tout le travail requis pour atteindre les objectifs fixés.

Appréciation de la formation à distance

44,5 % des étudiants sondés n’aiment pas du tout l’enseignement à distance (ils préfèrent l’enseignement en classe).

  • Parmi les étudiants qui ont indiqué ne pas du tout avoir aimé l’enseignement à distance, 80,1 % ont signalé une détérioration de leur état de santé psychologique
  • Les étudiants qui considèrent ne pas avoir d’endroit calme et propice aux études sont près de 9 fois plus susceptibles de ne pas avoir « beaucoup aimé » la formation à distance
  • Les étudiants qui rapportent une amélioration de leur état de santé psychologique ont beaucoup ou assez aimé la formation à distance (53,3 %)


Lieu propice aux apprentissages

27 % des étudiants considèrent ne pas avoir d’endroit calme pour suivre leurs cours à distance et se concentrer.

Il importe ici de souligner que, dans certains cas, cette perception peut être influencée par une détérioration de l’état de santé psychologique. Effectivement, une santé psychologique plus fragile peut amener l’étudiant à avoir une évaluation plus négative de son expérience.

Témoignages de motivation

Nous avons demandé à trois jeunes de nous révéler les trois mots qui ont marqué leur année 2020 et de nous parler de ce qui les motive en période de pandémie. Écoutez leurs réponses.

« À chaque jour je me dis : « T’es capable, Loukas, c’est une autre journée à fournir comme d’habitude ». »
Loukas, 15 ans, participant à L’Ancre des Jeunes 

>> Écoutez Loukas

 

« Ma mère me motive à faire mes travaux;
elle m’aide parfois à les faire, ce qui aide beaucoup. »
Sarah, 15 ans, élève de 4e secondaire à l’école Beurling

>> Écoutez Sarah

 

« Déjà au printemps, c’est sûr qu’on va être capable de voir nos amis
et de les prendre dans nos bras comme au printemps dernier. »
Laurélie, 17 ans, étudiante au cégep du Vieux Montréal

>> Écoutez Laurélie

 

 

Loukas, Sarah et Laurélie nous présentent les objets qui les aident à traverser la pandémie.

 

 


Pour aller plus loin


Notes

[1] À paraître. Merci à Mme Mélissa Généreux MD, MSc, FRCPC, médecin-conseil à la direction de santé publique de l’Estrie/INSPQ; coordonnatrice du programme Santé à Ouranos et professeure-agrégée, FMSS, à l’Université de Sherbrooke, de nous avoir donné accès à des données préliminaires de son étude expressément pour la publication de cet article.

[2] Janosz, M., Pascal, S., Abrami, P. C., Cartier, S. C., Chouinard, R., Fallu, J.-S., & Desbiens, N. (2010). Rapport final d’évaluation de la stratégie d’intervention Agir autrement, vol. II : les effets de la Stratégie Montréal, Qc : Groupe de recherche sur les environnements scolaires, Université de Montréal.

[3] Frédéric Guay, cité dans : Martine Rioux, Motivation scolaire – Pourquoi persévère-t-on?, École branchée, Novembre 2020 [https://ecolebranchee.com/motivation-scolaire-pourquoi-persevere-t-on/].

[4] Tardif-Grenier, K., Archambault, I., Dupéré, V., Marks, A. K., & Olivier, E. (2021, accepted). Canadian Adolescents’ Internalized Symptoms in Pandemic Times: Association with Sociodemographic Characteristics, Confinement Habits, and Support. Psychiatric Quarterly.

[5] Noémie Veilleux, Rafaël Leblanc-Pageau et Claudie Lévesque, Derrière ton écran : une enquête de la FECQ sur les impacts de la COVID-19 sur la condition étudiante au collégiale, Fédération étudiante collégiale du Québec, 2021 [http://docs.fecq.org/FECQ/Recherches/2020-2021/Rapport-final-DTE_109eCo_Zoom.pdf].